Invités autour d’une grande table de fête, spectateurs et acteurs partagent un repas. Banquet de noces ? Anniversaire ? Enterrement ? Annonce de fiançailles ? Festin de Noel familial ?
Dans une atmosphère de joyeuse confidence et en adresse directe, un homme et une femme se racontent. Ils alternent souvenirs de table (aaaah, la madeleine imbibée de tisane et qui fondait dans la bouche !), obsessions nutritionnelles et climatiques, scènes cultes de repas tirées du cinéma et interrogations existentielles. Ils font référence au Festin de Babette, à Notre pain quotidien, à Ratatouille, mais aussi à Betty Bossy, au muckbang ou encore à Masterchef. Bien sûr, il est question d’héritage et de choix : Qui suis-je ? Où vais-je ? Qu’est-ce qu’on va manger ce soir ?
Influencée par un père philosophe, je construis toujours mes créations à partir d’un questionnement. J’imagine ensuite le spectacle comme un mouvement de pensée, à la fois tentative de réflexion et expérience « charnelle », un moment ouvert hors du temps. A travers l’enquête, j’explore en amont des répétitions la perception que « les gardiens du réel » (les futurs spectateurs) ont d’une chose. Je crée des communautés de recherche en philosophie avec des enfants ou des adultes, des penseurs ou des professionnels des questions abordées… (toutes ces rencontres sont archivées). Leurs réponses, leurs pensées, leurs métaphores et même leur façon de répondre servent de matériau de travail et d’improvisation pour l’équipe. En brassant ces différentes matières, nous créons ainsi des pièces-paysages à la narration éclatée -que j’appelle des poèmes réflexifs-, moments suspendus, où se mêlent documentaire, récits, réflexions, jeux, musique et visuel.